dimanche 6 mars 2022

Luzerne

 

C''est la nuit blanche sur Oberkampf il pleut des cordes, et des instants.
Il flotte comme un sentiment.
 il pleut des souvenirs qui vrille mon sang.
Je me balade avec des trucs dans ma tête. des trucs d'hiver, des balivernes.
j'étais poétesse. j'étais princesse d'un ordre arbitraire. 
C'était ma plaine urbaine.
Arrivent les glaives. Rampent les nouveaux chefs. 
ça ne m'empêche pas de filer sous la pluie et de peindre cette sombre étincelle qui majore l'est.
Ne pas faire un retour en arrière. Juste rectifier le trait.

De nouveaux fronts font réapparaitre 
L'origine du monde.



jeudi 3 mars 2022

Servir

Que tu sois laide, bardée d'hiver, de cigarette,

Je n'oublierai pas ton regard vide, ton halo sublime,

Place de la république.
Mon Ange de la Bastille, qui scande qui me tutoie, fais gaffe à toi.

Ma bergère, ma jeunesse, tes rues sont incertaines.
J'ai mal à respirer, à vivre, à penser.
Mon vieux Paris, mon idylle aux cendres grises, j'ai fini de te servir.

J'ai aimé ce désespoir dans tes mains de nacre. 
Danseuse Asphalte. diseuse de charme. Tu étais l'histoire et j'étais ton personnage.
Tu m'as fait grâce, tu m'as faite gouaille, semblables à tes actrices sans grade, à tes courtisanes.

L'ange a été cassé. 
Barrés, les yeux fardés, les soirées satanées.
Mais je saurai dessiner ta stèle sur la plaine, te faire renaître.
J'enfanterai.
Je serai fidèle. Sereine.

J'oublierai cette république qui n'a plus d'authentique que sa boutique de souvenirs.

Magritte

La lumière du soir engloutit la laideur du périph et j'entrevois l'idole, l'angle mort.

La ville s'agrandit. Ses sirènes châtient chaque seconde, chaque vie. Des néons pissent depuis les tours grises.
Décrire.  Peu importe l'outil. Je vois courir des milliers de gens vers les vitrines. Ils s'agglutinent au bitume gris.
J'imagine un mode de vie.
Un avenir: un équilibre.
C'est facile. Peut-être un peu subtil.

La nuance s'apparente à l'excellence.
Même si en apparence, ce n'est pas un signe des temps.

jeudi 24 février 2022

Éternel retour

 


Il y a le voisin qu'on ne voit pas, celui du brouhaha.
J'entends bien quelqu'un qui hurle, qui tape sur tout ce qu'il trouve.
Au début, je me faisais du souci et puis j'ai appris que c'était un geek. 
Il aime l'écran total, il pourrait dire que la terre est plate 
il vit avec son pote compact. Il carapate dans son programme. Il se triture le mental.
C'est un peu le contraire de l'homme de Néendertal sauf que l'on revient quand même au point de départ.. 
J'entends un mec qui frappe, qui casse la baraque en hurlant au hasard. Un miracle. 
Sauf qu'il ne vit plus en tribu comme les premiers hommes. Non les derniers hommes seront seuls.
En rogne.
Un mec qui retourne à quatre pattes pour des jeux de massacre.

Ca m'est quand même arrivé de le croiser.
Et bien il est horriblement normal. Blond décoloré. Jean basket.
Aucun signe extérieur de bassesse.
Il dit bonjour un peu renfrogné mais rien de plus. 
Je me demande quand même ce qu'on va faire avec internet ou plutôt l'inverse.
Moi je croyais me retrouver face à face avec un homme des cavernes...
Et je vois un jeune homme banal.
Chez lui il hurle comme un chauffard devant des images venues de nul part.
Que du kiff. Jamais d'ennui. Tu parles d'une vie.
Pas de confrontation avec le monde sauf pour sa livraison de pizza.

Quelquefois j'entends un hurlement dans la nuit. Mais je me raisonne tout de suite: 
"C'est juste cro-magnon qui a perdu sa console.
Mais il la retrouve. Ouf..
Il perd le langage, ça le soulage.
Il gueule.
il a l'air vraiment dans ses histoires, ces cauchemars.

Il faudrait que je lui parle en faisant gaffe, qu'il ne fasse pas une crise cardiaque.
Ah, notre civilisation de la précaution!
Un monde ou c'est le roi des cons qui fait tourner les autres en rond.
C'est le comble.

En bas il y a cro magnon qui nous fait la misère.
En face j'ai le voisin qui passe son temps à la fenêtre. Il guette et il surveille.
C'est un peu le même genre de mecs, mais deux générations en arrière.

J'ai du mal à comprendre les humains parfois.
Alors quand on les retrouve au stade final, le retour à la case départ.

Comment voulez vous qu'on trouve une issue?
Seuls. Sans parures.
Ayant perdu le gout de l'aventure.

mardi 22 février 2022

Opacité


Je n'oublie pas les mois qui précèdent l'arrivée de Covid, le dictateur sans vie. 

Les médias hystériques. Mystiques.
Non, j'étais déjà partie.
Lorsqu'on nous fait douter de nos propres sentiments, quand la parole est sans nuances et assourdissante,
Le silence est une question de survie.
.
Je n'accepte plus le papier mâché, les paroles erronées.
Nous sommes tous ensemble dans cette estampe rance,  caché par un écran géant.
Sous surveillance.

Je fais fi de cette cérémonie insipide, mécanique.
Je préserve l'ultime, la limite.
Mon esprit. 

Je reste anonyme.
Un luxe bien utile.



Le goût du travail

je déprime, je mouline. Je fais des masques aux fruits.

Je fabrique des tas de produits.
Plus besoin de publicistes. 
C'est une révolte saine, 
sans haine, sans parole qui blesse.

Je n'achète plus de promesses.
C'est moi qui passe la serpillière, qui me gratte la tête.


Le prix à payer, c'est le temps que j'y passe
Peut être que ce qui est efficace n'est plus acceptable
On a tous besoin d être responsable.
Plus de fantasmes. Plus d'arnaques.
C''est le moment de se mettre à table.
De faire le ménage, de prendre soin de notre visage et de notre âme.

Mais je ne peux pas vous apporter d'espoir..

Au travail!

dimanche 20 février 2022

Arbeit

 Très longtemps j'ai pris mon café au comptoir. C'est assez rare d'y voir des femmes.

Les yeux dans le vide, en train de me dire et ''si  je faisais comme si'', qui est la version féminine de '' c'est parti''.

Je fais ça tous les jours, j'écoute. Je regarde le spectacle, les mecs qui bavardent, les gens qui passent qui cherchent les regards. Je me fonds dans cette masse et j'y puise mon savoir.

J'ai le cœur buvard, le goût du café noir. Amère et suave.