jeudi 24 février 2022

Éternel retour

 


Il y a le voisin qu'on ne voit pas, celui du brouhaha.
J'entends bien quelqu'un qui hurle, qui tape sur tout ce qu'il trouve.
Au début, je me faisais du souci et puis j'ai appris que c'était un geek. 
Il aime l'écran total, il pourrait dire que la terre est plate 
il vit avec son pote compact. Il carapate dans son programme. Il se triture le mental.
C'est un peu le contraire de l'homme de Néendertal sauf que l'on revient quand même au point de départ.. 
J'entends un mec qui frappe, qui casse la baraque en hurlant au hasard. Un miracle. 
Sauf qu'il ne vit plus en tribu comme les premiers hommes. Non les derniers hommes seront seuls.
En rogne.
Un mec qui retourne à quatre pattes pour des jeux de massacre.

Ca m'est quand même arrivé de le croiser.
Et bien il est horriblement normal. Blond décoloré. Jean basket.
Aucun signe extérieur de bassesse.
Il dit bonjour un peu renfrogné mais rien de plus. 
Je me demande quand même ce qu'on va faire avec internet ou plutôt l'inverse.
Moi je croyais me retrouver face à face avec un homme des cavernes...
Et je vois un jeune homme banal.
Chez lui il hurle comme un chauffard devant des images venues de nul part.
Que du kiff. Jamais d'ennui. Tu parles d'une vie.
Pas de confrontation avec le monde sauf pour sa livraison de pizza.

Quelquefois j'entends un hurlement dans la nuit. Mais je me raisonne tout de suite: 
"C'est juste cro-magnon qui a perdu sa console.
Mais il la retrouve. Ouf..
Il perd le langage, ça le soulage.
Il gueule.
il a l'air vraiment dans ses histoires, ces cauchemars.

Il faudrait que je lui parle en faisant gaffe, qu'il ne fasse pas une crise cardiaque.
Ah, notre civilisation de la précaution!
Un monde ou c'est le roi des cons qui fait tourner les autres en rond.
C'est le comble.

En bas il y a cro magnon qui nous fait la misère.
En face j'ai le voisin qui passe son temps à la fenêtre. Il guette et il surveille.
C'est un peu le même genre de mecs, mais deux générations en arrière.

J'ai du mal à comprendre les humains parfois.
Alors quand on les retrouve au stade final, le retour à la case départ.

Comment voulez vous qu'on trouve une issue?
Seuls. Sans parures.
Ayant perdu le gout de l'aventure.

mardi 22 février 2022

Opacité


Je n'oublie pas les mois qui précèdent l'arrivée de Covid, le dictateur sans vie. 

Les médias hystériques. Mystiques.
Non, j'étais déjà partie.
Lorsqu'on nous fait douter de nos propres sentiments, quand la parole est sans nuances et assourdissante,
Le silence est une question de survie.
.
Je n'accepte plus le papier mâché, les paroles erronées.
Nous sommes tous ensemble dans cette estampe rance,  caché par un écran géant.
Sous surveillance.

Je fais fi de cette cérémonie insipide, mécanique.
Je préserve l'ultime, la limite.
Mon esprit. 

Je reste anonyme.
Un luxe bien utile.



Le goût du travail

je déprime, je mouline. Je fais des masques aux fruits.

Je fabrique des tas de produits.
Plus besoin de publicistes. 
C'est une révolte saine, 
sans haine, sans parole qui blesse.

Je n'achète plus de promesses.
C'est moi qui passe la serpillière, qui me gratte la tête.


Le prix à payer, c'est le temps que j'y passe
Peut être que ce qui est efficace n'est plus acceptable
On a tous besoin d être responsable.
Plus de fantasmes. Plus d'arnaques.
C''est le moment de se mettre à table.
De faire le ménage, de prendre soin de notre visage et de notre âme.

Mais je ne peux pas vous apporter d'espoir..

Au travail!

dimanche 20 février 2022

Arbeit

 Très longtemps j'ai pris mon café au comptoir. C'est assez rare d'y voir des femmes.

Les yeux dans le vide, en train de me dire et ''si  je faisais comme si'', qui est la version féminine de '' c'est parti''.

Je fais ça tous les jours, j'écoute. Je regarde le spectacle, les mecs qui bavardent, les gens qui passent qui cherchent les regards. Je me fonds dans cette masse et j'y puise mon savoir.

J'ai le cœur buvard, le goût du café noir. Amère et suave.

samedi 19 février 2022

Modigliani

  

Dans ma jeunesse, je prenais les routes françaises. Je déclamais mes poèmes.
Je me souviens de la robe en jeans assez courte et de talons hauts, épais, que je portais. 
C'était une tenue de scène et de voyage.
Affriolante et conquérante.
Je vivais dans des hôtels.
Derrière, c'était la mer, infante du ciel.

En Italie, les cyprès sont comme dessinés, ils adoucissent le paysage, gardiens aussi sages que fantasques.
La nuit, les lumières distillent des chandelles sur la mer.
Tout est précieux. Imprécis. Subtil.
Je passais par la promenade des anglais et rejoignais le vieux Nice.

J'étais avenante. Tout prenait de l'importance.
Tout était danse, pressentiment.

j'étais bohème, il me reste quelques réflexes.
Mais surtout, le gout de l'errance et de ses propres sacrements.
La poésie abreuve les esprits libres, aussi vifs que contemplatifs.
Sa tradition restera la même que ces villes de pierre auxquelles j'aime me soumettre.
Je vivais de spectacles de rue.
J'étais ma muse et mon avenue.
J'étais frondeuse et amoureuse.

Il est des endroits sans pareil. 
Méditerranée tu étais mon privilège. 

C'est un spleen sans abîme, doux, tranquille.

vendredi 18 février 2022

Este







Vivre dans l'imaginaire, je ne sais plus le faire. Je sublime l'ordinaire, la vie quotidienne. 
La terre, c'est le réel. Le spirituel 
La nature est l'ultime artiste. Elle peint des tableaux sombres, tragiques. 
Elle est profondément logique. 
Les limites sont fragiles. Les briser est un crime, Les franchir est magnifique.
Nous sommes à un carrefour des mondes, des visions.
.
Les choses se font la plupart du temps de façon naturelle. 
Ne vous déplaise.

Eponyme



Nuit partie sans m'appartenir, aube grise, aux echoppes de Chine.
Je veux rejoindre l'île unique, la poésie.

J'ai aimé Paris, ses soirs transis.
Ses bistrots ou je jouais, les textes que je disais, les mots qui volaient.
Je laisse une place pour l'accent de Fréhel, et même,  pour la Tour Eiffel.

Mais je m'en vais. 
J'aime le travail bien fait.

Curriculum vitæ.






Vivre en marge, ça réclame de la légèreté, du courage.
Je mène ma barque, 
je vis avec le risque, j'improvise.
Ça arrive de faire de ces  boulots répétitifs, qui prennent beaucoup d'énergie,
Ou l'on va vous lancer du mépris,
En prime.
Mais c'est ça aussi qui peut rendre indestructible.
C'est pas très français d'avoir plusieurs étiquettes.
On donne des noms de chouette au travail que vous faites. Vive le progrès.
Je dis okay mais je ne laisse pas faire.
Je ne suis qu' un arbre qui cache la forêt.

Une marionnette. 
Oui. Mais je le sais.

Chamade



Je me retrouve donc au Parc Montsouris avec les deux petits.
Oui, je fais du baby sitting aussi, et me voici en plein après midi, avec des tas de gens pas divertis et plutôt déconfits. 
Ni joyeux, ni tristes. Non avachis.

Ici j'ai vu les branches comme des reliques, dans le froid, le gris.
Le parc est magnanime, un ami.
Même trafic que dans une rue touristique, mais les enfants me guident, me dirigent.
Direction le point d'eau. Les poissons en cage.
Les tortues. 

Moi et les garçons on reste béats. Je m'accroche à ça.
Elle garde une distance. Elle nous regarde, et puis elle repart.
Nous aussi on la regarde, et on essaie un langage.
Elle nous dit bonjour, ça ne fait pas de doute.

Ici à cette heure ci personne ne se parle. Moi, la première je n'engage pas la conversation. 
Trop de monde. Trop de choses à prendre en compte.
Je suis en manque de parole et d'entrain. Je suis en manque de demain, d'espoir et de jeux clandestins.
La crise ne date pas d'aujourd'hui, Covid en fait partie.
Les lois des uns empêchent les autres d'avancer.
Nous sommes empêtrés, pas foutue d'approcher la vérité, agglutinés au même parolier. Estampillés.

Je suis là. A ne pas trop savoir pourquoi. 
A éprouver du dégoût. Je voudrais qu'on m'écoute.
Parce que nous sommes tous à avoir des doutes.
A sentir ce flou, cette entourloupe. 
Tous, on nous parque. On nous raconte des salades, selon notre milieu social. 
On nous parle d'égal à égal. On nous balade.

La sérénade, ça se déclame. Partout. Nulle part.
Elle est rare, c'est le principal.
il n'y a que des gens qui s'égarent, qui ne savent plus dire si ils ont mal.

C'est ce que je me disais, en faisant le guet devant l'étang vert, épais.
L'attitude de la tortue me rassure, m'offre une bulle.

Et je retourne à cette vie convenue. Je ne savais pas qu'elle était si dure, si confuse.

Tentative d'analyse

 


Premiers dévalisés: les supermarchés. Pris d'assaut par une horde d'empaffés agglutinés pour acheter du sucre, des pâtes et du papier toilette.
Parfait pour que Covid se rassasie, lui.
Je me salue, moi, et les personnes de proximité quotidiennement touchés par les empaffés.
Nous aurions des choses peut être pas jugées intéressantes, mais importantes, à dire.

Je vais essayer de pallier à mon manque de savoir, avec des images. De forcer un peu le regard.
Pour les pâtes, le sucre. Je dirais peut être qu'ils font des pâtes au sucre... Je ne suis pas sure.
Le sucre peut être pour donner un peu d'euphorie Parce que les pâtes, ça constipe.
Une tête de constipé pour un confiné, ce sont les premières complications. Ca peut entraîner des désagréments en temps normal mais qui risque de tourner au drame dans ce cadre.
Tout le monde n'est pas Ingmar Bergman et il ne s'agira pas d'avoir envie de filmer le détail adorable, le soupçon la faille sur un visage. 
Mais bien d'éviter les gueules de palefreniers, de trouver au plus vite les anti odeurs, les anti bruits, les anti multiples.
Oui, je sais, je n'ai aucune discipline scientifique.
Mes affirmations sont peut être à l'emporte pièce.
Cela n'empêche pas parfois d'aller à l'essentiel.

Non, ils n'ont pas pensé tel quel. Mon analyse n'est pas complète.
Le papier pour les fesses, que peut on dire en fait ?
Le mystère s'épaissit et je comprends les spécialistes qui s'épuisent, doivent trouver en urgence des réponses plausibles.
Même si elles s'avèrent comiques aussi...
La critique est facile. Je me laisse aussi aller à quelques sauteries.

Et puis d'abord, quelle épaisseur, le papier toilette?!
Avons nous des chiffres plus précis? 
Ca m'aiderais peut être dans mes recherches!
Si c'est l'épaisseur 5, je conclurais que c'est parce que ces gens se chient régulièrement dessus.
Et cela expliquerait aussi les pâtes en plus! 
Pas le sucre, zut...
Mais je crois que je tiens une piste à fortiori.

Vous aussi menez l'enquête.
Creusez vous la cervelle, merde!

Rixe




J'habite un grand appart aux portes de Paris. J'ai pris de la réserve.

Je suis quasiment dans les statistiques. Mais qu'est ce que je fabrique?
Mais voilà qu'arrive tout droit de Chine un sbire du changement Climatique. Le Covid.
Il nous confine, On nous oblige. On nous engage dans une télé réalité. Cachée.
Il y a bien les principes médiatiques d'aujourd'hui, mais ça commence à se réduire, à manquer de scénaristes.Il n'y a plus qu'à subir. Et essayer de faire le tri.

Il faut bien le dire. On était dans une léthargie. Une sorte de furie sans suite. 
Après nos controverses habituelles, nous devons affronter un vrai problème.

Ce qui va vraiment changer nos caractère. 
Enfin, j'espère.

Rouges, blanches

 


Je serais toujours dans la lumière, cette silhouette.
Évasive, belle dans l'indiscipline. Écorchée vive.
Je suis arrivée dans cette ville, enjouée et triste. 
J'ai eu plusieurs vie, j'ai été ma propre disciple. 

Je serais toujours sur cette passerelle.
Comme le premier poète, rencontré dans la poussière, dans les rues de Sienne, avant le gigantesque, avant la high tech. 
Je serais toujours cette âme en peine, cette jeunesse qu'on écartèle. 
La demoiselle. Lunaire et fraternelle.

Je ne crains plus le revers, la blessure et la faiblesse, la vie telle qu'elle est.
Je serais toujours étrange et coutumière.

Humaine. De chair. Gravant la pierre.