Je me retrouve donc au Parc Montsouris avec les deux petits.
Oui, je fais du baby sitting aussi, et me voici en plein après midi, avec des tas de gens pas divertis et plutôt déconfits.
Ni joyeux, ni tristes. Non avachis.
Ici j'ai vu les branches comme des reliques, dans le froid, le gris.
Le parc est magnanime, un ami.
Même trafic que dans une rue touristique, mais les enfants me guident, me dirigent.
Direction le point d'eau. Les poissons en cage.
Les tortues.
Moi et les garçons on reste béats. Je m'accroche à ça.
Elle garde une distance. Elle nous regarde, et puis elle repart.
Nous aussi on la regarde, et on essaie un langage.
Elle nous dit bonjour, ça ne fait pas de doute.
Ici à cette heure ci personne ne se parle. Moi, la première je n'engage pas la conversation.
Trop de monde. Trop de choses à prendre en compte.
Je suis en manque de parole et d'entrain. Je suis en manque de demain, d'espoir et de jeux clandestins.
La crise ne date pas d'aujourd'hui, Covid en fait partie.
Les lois des uns empêchent les autres d'avancer.
Nous sommes empêtrés, pas foutue d'approcher la vérité, agglutinés au même parolier. Estampillés.
Je suis là. A ne pas trop savoir pourquoi.
A éprouver du dégoût. Je voudrais qu'on m'écoute.
Parce que nous sommes tous à avoir des doutes.
A sentir ce flou, cette entourloupe.
Tous, on nous parque. On nous raconte des salades, selon notre milieu social.
On nous parle d'égal à égal. On nous balade.
La sérénade, ça se déclame. Partout. Nulle part.
Elle est rare, c'est le principal.
il n'y a que des gens qui s'égarent, qui ne savent plus dire si ils ont mal.
C'est ce que je me disais, en faisant le guet devant l'étang vert, épais.
L'attitude de la tortue me rassure, m'offre une bulle.
Et je retourne à cette vie convenue. Je ne savais pas qu'elle était si dure, si confuse.