samedi 19 février 2022

Modigliani

  

Dans ma jeunesse, je prenais les routes françaises. Je déclamais mes poèmes.
Je me souviens de la robe en jeans assez courte et de talons hauts, épais, que je portais. 
C'était une tenue de scène et de voyage.
Affriolante et conquérante.
Je vivais dans des hôtels.
Derrière, c'était la mer, infante du ciel.

En Italie, les cyprès sont comme dessinés, ils adoucissent le paysage, gardiens aussi sages que fantasques.
La nuit, les lumières distillent des chandelles sur la mer.
Tout est précieux. Imprécis. Subtil.
Je passais par la promenade des anglais et rejoignais le vieux Nice.

J'étais avenante. Tout prenait de l'importance.
Tout était danse, pressentiment.

j'étais bohème, il me reste quelques réflexes.
Mais surtout, le gout de l'errance et de ses propres sacrements.
La poésie abreuve les esprits libres, aussi vifs que contemplatifs.
Sa tradition restera la même que ces villes de pierre auxquelles j'aime me soumettre.
Je vivais de spectacles de rue.
J'étais ma muse et mon avenue.
J'étais frondeuse et amoureuse.

Il est des endroits sans pareil. 
Méditerranée tu étais mon privilège. 

C'est un spleen sans abîme, doux, tranquille.